Instruments de musique lunaire

 

 

Tapisserie d’Aubusson tissée par l’atelier Pinton.
1950.

 

 

Peintre et graveur, Lucien Coutaud travaille aussi pour le théâtre avec Dullin, Barrault : il réalise alors de nombreux décors et costumes. Mais c’est la rencontre avec Marie Cuttoli en 1933 qui l’amènera à la tapisserie : celle-ci lui commande alors surtout des  cartons de sièges . La plupart des tapisseries suivantes seront tissés chez  Pinton pour la Compagnie des Arts Français, qui vise à intégrer la Tapisserie dans le décor intérieur. Les 3 dernières tapisseries de l’artiste en 1960 témoignent de sa renommée puisque « Jardins exotiques » ornent le salon de Première Classe du « France « . Les qualités de scénographe influencé par le surréalisme se reflètent dans l’œuvre tissée de Coutaud : son univers est figuratif, mais stylisé (les formes sont aiguës, hachées), résolument onirique, avec d’insolites bordures très souvent.

 

 

Le carton « instruments de musique lunaire » (Coutaud dessinait lui-même ses cartons gouachés, sans avoir recours aux cartons numérotés) date de 1950 : c’est une des rares tapisseries de l’artiste (avec justement « harpe marine », et « violon printanier », autres témoignages du goût pour ces natures mortes musicales chez l’artiste) où la figure humaine se fasse rare. Le centre de la composition (de la scène) est occupé par les instruments, tandis que 2 têtes (souffleurs, musiciens dans la fosse) ornent les coins inférieurs, le tout dans un paysage austère, nocturne (lunaire justement), illustration des mondes oniriques chers à l’artiste.
Le théâtre de la ville de Göteborg conserve un exemplaire de cette tapisserie.

 

 

Bibliographie :
J. Cassou, M. Damain, R. Moutard-Uldry, la tapisserie française et les peintres cartonniers, Tel, 1957, ill. p.86
Cat. Exp. Lucien Coutaud, œuvre tissé, Aubusson, Musée Départemental de la Tapisserie, 1988-1989, illustrée p.42-43
Cat. Expo. Le théâtre en tapisserie, Cavaillès, Lurçat, Matisse, Sorèze, Abbaye-école Musée dom Robert, 2017, ill. n°8